Terra Nostra 13
Saint Martin de Lansuscle, au Temple, les 13, 14 et 15 octobre
Vendredi 13 octobre
18h30 : Une si longue marche de Dominique Loreau, 62’00, 2022 en présence de la réalisatrice
Des crabes chinois importés accidentellement en Europe du Nord migrent chaque année dans des fleuves pollués. En Belgique, lors de leur retour vers la mer, ils sont des centaines de milliers qui essayant d’éviter les obstacles érigés par les humains, envahissent écluses, berges, villages et petites villes. Ils sont partout, dans les caves et sur les toits, dans les lits et sous les meubles, dans les églises et hors des égouts, vont jusqu’à boucher les filtres d’une centrale nucléaire. Dominique Loreau construit son film avec un art du contournement inspiré de la marche du crabe ; les questions qu’il pose ne sont que la partie visible d’un iceberg.
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21h15 : Taming the garden de Salomé Jashi, 86’00, 2021 (entrée libre et présence réalisatrice à confirmer). En Géorgie, tout un groupe d’ouvriers spécialisés se retrouve engagé par un commanditaire mystérieux pour déplanter des arbres gigantesques et les convoyer non sans difficultés vers un lieu inconnu. Le regard acide et l’écriture sans merci de Salomé Jashi nous entraînent dans une aventure surréaliste et corrosive. Tour à tour suspens incroyable, charge écologique imparable, drame humain inacceptable, son film sans en avoir l’air, nous soulève de terre pour mieux voir dans toute son horreur cette destruction de la vie devenue sans limite.
Samedi 14 octobre 14h00 : Là où tout se joue de Julie Chauvin, 57,00, 2022 (présence réalisatrice à confirmer),
Jamel, Matthieu, Ali... ont entre 20 et 35 ans et viennent des quartiers populaires de Sevran. Ils racontent pour la première fois leur parcours, leur idéaux et leur façon de surmonter l’adversité, loin des clichés sur les jeunes de banlieue dont ils sont souvent les victimes. De leurs récits nait une œuvre théâtrale. Elle sera jouée dans l’intimité des appartements de cette ville jusqu’ici sans théâtre. Lors des représentations, artistes et public vont inventer de nouveaux espaces de dialogue dans lesquels les mondes vont se rencontrer. « Là où tout se joue » a cette qualité essentielle de ce qui se crée dans l’instant et trouve son souffle et sa durée dans nos vies partagées.
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14h00 : Le jour de sortie de Sophie Bruneau, 14’03, 2022, en présence de la réalisatrice,
Le confinement est levé. Les pensionnaires âgés d’un home peuvent enfin sortir. La direction leur propose une ballade d’une heure en bus pour redécouvrir les environs de leur village. Les voilà partis. Sophie Bruneau les accompagne et Marie-Françoise Plissaert les filme. Au plus près. C’est simple, sans commentaire mais avec empathie. Sensible et juste. Et le hors champ prend toute son importance, ce qui ne se voit pas, ne se dit pas mais se découvre, se devine. C’est la force du cinéma de Sophie Bruneau, l’invention d’un récit entre elle et le spectateur. Une autre façon de voir, une autre façon de vivre.
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14h00 : La boum 2 de Hugo Van Der Vennet, 15’00, 2021, en présence du réalisateur,
Ambiance paisible d’un dimanche après-midi. Des femmes, des hommes se promènent au bois. Soudain tout se fige. Un cordon de flics approchent menaçant, des autopompes les suivent. Les promeneurs se dispersent et fuient. Ils sont poursuivis. Que se passe-t-il ? Qu’est ce qui se joue dans cette brutale répression ?. On a déjà oublié. Le confinement. Le Covid. Le film d’Hugo Van Der Vennet est là pour nous le rappeler. Volontairement muet, sans aucun son pour mieux donner toute sa force au regard, à l’image, La Boum 2 témoigne. A nous de voir.
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16h30 : Eclaireuses de Lydie Wisshaupt-Claudel, 90,00, 2022
Marie et Juliette ont quitté l’enseignement classique pour ouvrir au cœur de Bruxelles une école où elles accueillent des enfants sans passé scolaire, souvent issus de l’exil. Elles leurs offrent un lieu et un temps hors des apprentissages scolaires formels pour être ou redevenir des enfants, avant d’affronter l’institution scolaire qui attendra d’eux d’être des élèves. Entre réalisme sans fard et imaginaire utopique, Lydie Wisshaupt-Claudel filme au plus près ce formidable pari pédagogique. Sa caméra complice nous fait vivre de l’intérieur les rêves et le combat, l’élan irréductible, contagieux de ces deux « éclaireuses » hors normes qui ne reculent devant aucun obstacle et trouvent sans cesse réponses à leurs questions.
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18h30 : Mamie 44 de Lucie Dèche, 55’00, 2023, en présence de la réalisatrice,
« Dans un dialogue à travers plusieurs étages, une fille aborde avec son père, un historien et un inconnu, des évènements qu’elle n’a pas vécus et que pourtant elle semble avoir traversés. » Résumé bien mystérieux qui ne divulgue rien du récit qui traverse le film de Lucie Dèche. Et c’est tant mieux. Le film se construit sur un secret, une écriture singulière où chaque plan se lit à des niveaux différents, entre métaphore et polysémie. Sans concession, avec une sensibilité juste, qui échappe aux lieux communs du bien et du mal, elle questionne, interroge ce qui, derrière les paroles et les images, permet de dépasser les ambiguïtés, les faux semblants, les mensonges qui tiennent toute une vie debout. Ce film inattendu est à la hauteur de la «vérité» difficile, douloureuse qu’il ramène vers la lumière. Un vrai moment de cinéma.
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21h15 : Dans dehors de Muh Kurdi Yahya, en présence du réalisateur.
Muh Kurdi : “Il suffit de marcher, de faire pour se saisir de toute chose, pour prendre. Tout, dans un certain sens, est dans le lieu. Tout est à ma disposition. Il me suffit de dire "je peux", pour que je sois partout chez moi.“ Rencontre avec ce réalisateur et directeur photo qul vient de terminer Dans Dehors et a accepté notre invitation à venir nous parler de son cinéma.
Dimanche 15 octobre
14h00 : Paisans de Rouergue de Paulette et André Andrieu, 60’, 1961-1964 (présence réalisatrice et réalisateur à confirmer).
Au début des années 60, Paulette et André Andrieu décident de filmer avec une caméra 8mm le quotidien de leurs parents, paysans rouergats du causse, aux environs de Villeneuve d’Aveyron. Pendant plusieurs saisons, les différents moments de la vie de la ferme. Ces films « amateurs » sont remarquables par la qualité de leur regard s’attachant à la vérité des corps et des gestes du travail paysan. Muet à l’origine, ils sont commentés en langue occitane par André Andrieu, ce qui donne une profondeur et une authenticité unique à cette œuvre de mémoire rare et passionnante. Du cinéma documentaire au plus beau sens du terme.
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16h00 : Cien ninos esperando el tren de Ignacio Agüero, 55’00, 1988
Au Chili durant la dictature, une professeure s’engage autour d’ateliers de cinéma dans des quartiers défavorisés pour encourager l’imaginaire créatif des enfants et leur offrir de nouveaux horizons. Ignacio Agüero suit l’évolution de cette expérience de cinéma et y trouve une forme de résistance, un chemin d’émancipation face à un pouvoir totalitaire omniprésent. Son regard et son attention de cinéaste pour ce qui se cherche et naît de cette rencontre constitue en soi un engagement politique d’une force peu commune.
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16h00: Arte in vivo, Editions infinies, 15’00, 2020 en présence de la réalisatrice.
Au Mexique, de nombreuses équipes de « peintres en lettres » couvrent les murs d’annonces d’évènements populaires concerts de musique folklorique, rodéos... Le film suit l’équipe d’El Mosco, José Peter et El Diablito en pleine action sur le périphérique de Mexico. Leur métier exige rapidité et efficacité. Leur savoir-faire est instinctif et empirique. La voix de Pegaso, autre peintre en lettres du Chiapas, raconte et accompagne les images prisent sur le vif. Et lentement un art de la rue se dessine sous nos yeux ébahis. Une surprise.
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18h00 : We are coming, chronique d’une révolution féministe de Nina Faure, 90’00, 2023
Le film de Nina Faure par son écriture et l’enjeu de son propos tranche résolument dans le didactisme convenu d’un « cinéma militant » ankylosé de bonnes intentions. Retraçant la montée du mouvement féministe durant ces dix dernières années, il met en scène la réalisatrice et son amie, Yéléna Perret, qui de rencontres en lectures, de luttes en expériences communes vont progressivement dessiner un parcours politique pertinent. Ici ce qui importe est le cheminement, le devenir et le film de Nina Faure joue sans cesse des aléas d’un « voyage » où les questions et comment elles naissent sont aussi importantes que les vérités fragiles des réponses. Avec beaucoup d’humour et d’auto-dérision, Nina Faure réussit un film qui cible juste, prend son temps là où ça dérange et ne s’arrête pas au seul but à atteindre.
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21h00 : Dawson city, le temps suspendu de Bill Morrison, 120’00, 2016.
À la découverte d’or dans les rivières du Klondike à la fin du XIXème siècle, 100.000 prospecteurs se précipitent à l’extrême nord du Canada, à Dawson City, et cet ancien campement des Indiens Hän devient une ville de plus de 40.000 habitants. En 1978, elle n’en compte plus qu’une centaine lorsque des travaux de terrassement font émerger des centaines de boites de pellicules nitrates conservés sous le permafrost. Ce trésor de films muets arrachés de l’oubli, des actualités, images d'archives et photos de l’époque permettent à Morrison de reprendre le récit de la fameuse ruée vers l’or qui inspira Jack London et Charlie Chaplin et qui n’a pas fini de nous faire rêver.